Vert tilleul, vert foncé, vert émeraude, vert gazon : la palette de Paul Cézanne est on ne peut plus riche de tons et de nuances. Le peintre français pose des touches de peinture fermes et décidées, les unes à côté des autres et les unes sur les autres.Vues de près, elles ressemblent à un tapis abstrait, constitué de diverses valeurs de couleurs entremêlées. Mais regardons le tableau dans sa globalité : la cime des pins s’élance au-delà de la montagne ocre, devant l’étendue bleue de la mer, au loin. À gauche, les maisons de L’Estaque, petit village de pêcheurs, sont imbriquées comme des blocs de construction.

Des choses qui durent

C’est ici, dans la rade de Marseille, que Cézanne trouva exactement ce dont il avait besoin pour développer son propre style : une nature qui change peu. Aussi appréciait-il particulièrement la végétation méditerranéenne, qui restait verte durant toute l’année. Pour peindre ce qui dure plutôt que saisir l’instant fugitif, il reconstitue dans l’image ce qu’il a sous les yeux, comme une structure autonome obéissant à ses propres lois, à partir d’une palette chromatique variée et de diverses formes. Cette vision du monde et cette manière de peindre a ouvert la voie à de nombreux artistes modernes par la suite.