Une baie solitaire avec un pic abrupt, au clair de lune. Caspar David Friedrich peint ici une scène nocturne, dont le violet et le bleu veloutés semblent gagner en profondeur à mesure que l’on regarde le tableau. Seule la lumière de la lune, que l’on devine, cachée derrière les nuages, scintille sur la mer. Les reflets de lumière dirigent le regard vers le lointain horizon, vide et sans aucun navire. Au premier-plan, une petite baie abritée brille, et cela grâce à quelques coups de pinceau seulement.

L’écho de ses propres sentiments

Vers 1800, les romantiques trouvent dans la nature un lieu d’expression du sentiment. Le « sublime », concept venu d’Angleterre, donne au danger, à la rudesse et à l’aspect sauvage de la nature la dignité d’être représentée. Un récif abrupt surgit des flots, comme une menace de la mer indomptable, un danger pour les marins qui lui ont confié leur vie. Mais le peintre ne donne pas d’indication claire sur le sens caché de son tableau. Il ouvre l’espace à de multiples interprétations et en fait un lieu où les sensations et les sentiments peuvent trouver un écho.