Deux protagonistes, la Madone et le paysage

Les gestes sont vifs, les visages rapprochés : ainsi Cranach peint-il la tendre relation de la Vierge et de l’Enfant Jésus. La jeune Vierge Marie est souvent représentée avec les cheveux longs et ondulés, tandis que le voile diaphane qui les recouvre est plutôt utilisé dans ses représentations en tant que mère. Derrière elle s’étend, à la place d’un fond doré médiéval, un paysage lointain et féérique. La Vierge s’intègre parfaitement dans ce décor naturel animé et ensoleillé. Un château fort s’élève en haut, à droite, tandis qu’on aperçoit une ville portuaire à gauche, au bord de l’eau. Avec la forme circulaire du temple de Salomon, la ville peut représenter à la fois la Jérusalem Céleste et la fin des temps.

Lucas Cranach renonce aux auréoles traditionnelles, dites nimbes. À la place, il peint une aura de lumière dans le ciel clair de l’aube, derrière la tête de la Vierge Marie. Le tableau de dévotion de Cranach reflète une toute nouvelle manière de percevoir la nature, à un moment où la peinture de paysage commençait tout juste à se développer dans les régions germanophones.

En bas, à gauche, on reconnaît la marque de l’artiste : un serpent ailé.