Trois hommes affrontent stoïquement et sereinement la mer tempétueuse et le vent. Habitués aux désagréments de la mer, du vent et de la tempête, ils attendent l’arrivée d’un navire, comme ils l’ont déjà fait tant de fois auparavant.

Le peintre et la mer

Après avoir terminé sa formation artistique à l’Académie de Karlsruhe et à l’Académie Julian à Paris, Carlos Grethe entreprend un voyage de plusieurs mois sur un bateau à destination du Mexique. En plus de son enfance passée dans le nord de l’Allemagne, ce voyage en bateau a probablement renforcé son enthousiasme pour la représentation de la vie maritime, qui, à partir de ce moment-là, dominera son œuvre, à quelques exceptions près.

Il réalisera un grand nombre de dessins, croquis, pastels, lithographies et peintures à l’huile dans lesquels il immortalisera la mer, le travail des marins et la vie sur les bateaux.

À l’instigation de ses professeurs Ernst Schurth et Ferdinand Keller, Grethe devient tout d’abord professeur auxiliaire à l’Académie de Karlsruhe en 1890 avant d’être nommé professeur titulaire à L’École des arts appliqués en 1891.

Bien que le centre de ses intérêts se trouve à Karlsruhe et dans ses environs depuis sa formation, Grethe est sans cesse attiré par le Nord, le Danemark et la Suède notamment, en raison de son amour de la mer et de sa fascination pour la vie de marin.

Le temps, la lumière, la couleur

À partir de 1911, date à laquelle ce tableau a également vu le jour, Grethe se rend régulièrement à Nieuwpoort, ville côtière de Belgique, où il peint la mer, la vie côtière et le port. Il réalise de nombreuses vues de pilotes, du canal de l’Yser et de l’estacade, nom désignant la jetée.

Grethe s’intéresse surtout à la représentation de scènes à différents moments de la journée, avec différentes mises en place des personnages et des conditions de lumière et météorologiques changeantes.

L’intense travail de l’artiste sur l’agencement des couleurs est également remarquable. Si le tableau peut sembler un peu sombre au premier regard, l’on y découvre, en y regardant à deux fois, une profusion de couleurs, même dans les surfaces apparemment monochromes. Avec le bleu clair et froid, le vert atténué, le blanc et le jaune, Grethe fait vraiment ressentir à l’observateur le ciel agité, le vent tempétueux et la mer déchaînée.

Avec leurs vêtements jaune-vert, les pilotes se détachent de l’arrière-plan avec garde-corps clair de la jetée. La fascination de Grethe pour le thème de l’homme au travail, qui a si souvent été au centre de ses œuvres, est ici aussi manifeste. Le peintre a représenté les pilotes, le visage tanné par les intempéries, dans la réalité de leur vie quotidienne, sans pose aucune, et rend ainsi la dureté de leur travail perceptible pour l’observateur.