Le tableau montre plusieurs garçons qui se battent. Deux se battent debout, deux se roulent sur le sol, un autre pousse l'un des deux debout.
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Garçons se bagarrant

Hans Thoma

Dimensions:
 88cm  102cm
an:
1872
lieu:
KunsthalleKarlsruhe@ZKM

Hans Thoma, artiste

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Deux artistes, un thème

En 1872, l’association artistique de Munich « Münchener Kunstverein » exposait les derniers tableaux de deux artistes qui avaient tous deux choisi le même thème : des garçons qui se bagarrent. Ces deux artistes étaient Hans Thoma et Wilhelm Trübner, âgé de onze ans de moins.

Question de goût

Certains contemporains de l’époque ont considéré que c’était une honte que Thoma et Trübner puissent penser qu’une telle scène méritait d’être peinte et qu’ils aient choisi la brutalité des enfants pour thème de leur tableau, comme l’écrit un critique de l’exposition du Münchener Kunstverein :

« Dans la même exposition se trouve également un tableau de deux jeunes artistes partisans du réalisme le plus extrême et qui, dans leur quête de la vérité de la nature, vont encore plus loin que la démarche de Courbet. […] Le plus important d’entre eux, Hans Thoma, commence à devenir célèbre, ne cultive pas la laideur pour elle-même, et obtient […] toujours un certain effet grâce à une grande simplicité au niveau de la conception et de la couleur. Le tableau de Trübner, par contre, qui veut toujours le dépasser en originalité et dans l’exclusion de principe de la beauté, dépasse largement les limites du bon goût. »

Le tableau montre plusieurs garçons qui se battent. Deux se battent debout, deux se roulent sur le sol, un autre pousse l'un des deux debout.

Des rencontres impressionnantes

Au moment où paraît cette critique peu flatteuse de l’un de ses tableaux, Hans Thoma avait terminé depuis longtemps ses études à la Großherzogliche Kunstschule (école d’art grand-ducale) de Karlsruhe, il avait vécu un certain temps à Paris et s’était finalement installé à Munich, ville très attrayante pour les artistes.

Il y a fait momentanément partie du cercle de l’artiste Wilhelm Leibl. Il ne s’était pas encore rendu en Italie. Il avait par contre été très impressionné à Paris par les œuvres de Gustave Courbet, de vingt ans son aîné, et des artistes de Barbizon.

Ces artistes se souciaient de représenter la nature de manière réaliste, non pas idéalisée. La représentation des Garçons se bagarrant porte l’influence de cette conception de l’art. Dans une sorte de gros plan, Thoma montre, dans des couleurs sourdes, cinq garçons en train de se battre.

Au fil du temps

Il faudra attendre quelques années pour que de tels tableaux, d’un mode de représentation réaliste et portant sur des thèmes tirés de la vie quotidienne, soient reconnus dans des cercles élargis. Et c’est ainsi que la perception des Garçons se bagarrant a également changé.

En 1909, un critique plaidait déjà en faveur d’une approche différente de l’œuvre de jeunesse de Thoma : « Dans des œuvres de jeunesse telles que les Garçons se bagarrant […], c’est un peintre si sincère, si fort, que l’on a du mal à comprendre comment il a été possible qu’il perde si totalement ces qualités par la suite. »

Entre-temps, les premières œuvres de Thoma, telles que celle ici présentée, ont donc été plus appréciées que celles de ses phases de création ultérieures.

Mais cette perception s’est de nouveau inversée quelques années plus tard à peine, en 1914. Certains critiques trouvaient même alors que les Garçons se bagarrant n’étaient pas assez naturels et pas assez réalistes.

Le tableau montre plusieurs garçons qui se battent. Deux luttent debout (en bas), deux roulent sur le sol (en haut), un autre pousse l'un des deux debout (en bas).

Garçons de la campagne et garçons des rues

De nombreux arguments vont aujourd’hui encore souvent dans ce sens. Les garçons qui se bagarrent sont mis en scène de manière si précise que, sur ce tableau, ce n’est pas l’imitation de la nature qui détermine la perception, mais la composition de l’œuvre.

Ce qui est frappant, c’est une sorte de moment de rotation dans le mouvement du groupe : depuis l’enfant qui se trouve au centre et regarde l’observateur, en passant par les deux garçons représentés à l’arrière-plan côté gauche et à l’arrière-plan côté droit, jusqu’à un garçon à demi agenouillé et un autre garçon allongé au-dessous de celui-ci.

Das Gemälde zeigt mehrere Jungen, die sich miteinander prügeln. Ein paar halten einander fest, einer schaut von oben auf zwei liegende herab, einer hält sich verwirrt den Kopf, zwei holen mit Stöcken aus.

L’ancien directeur de la Kunsthalle de Karlsruhe, Kurt Martin, écrivait à ce sujet en 1957 pour résumer la situation : « Une mise en parallèle des deux tableaux montre que Thoma a peint des garçons de la campagne et Trübner des garçons des rues. Thoma a composé son tableau, il a ajouté un groupe à l’autre […]. Trübner compose beaucoup moins et saisit par conséquent la réalité de manière « plus vraie » et plus instantanée. »

La clé de l’énigme

Ce qui préoccupe encore aujourd’hui les historiens de l’art a une origine toute simple. Plus de quarante ans après la réalisation du tableau, une amie a demandé à Thoma comment l’idée de ce tableau lui était venue. Il lui a expliqué en riant :

« L’idée est venue complètement de l’extérieur. Trübner n’avait alors pas d’atelier car cela ne valait plus la peine pour lui d’en prendre un avant l’été. Je l’ai invité à venir peindre chez moi car j’avais un grand atelier et nous étions amis. Il se tenait ici et moi là, et chacun peignait de son côté. Il avait avec lui un certain nombre de garçons qui faisaient un tel bruit que j’ai commencé à les peindre moi aussi. Il en a ramené encore plus deux jours plus tard. J’avais terminé les deux garçons allongés au sol. Cela m’a stimulé parce qu’il le faisait, j’ai collé une autre bande en haut de mon tableau – on peut encore le voir – et j’ai peint d’autres garçons dessus, c’est ainsi qu’est né le tableau. »

Le tableau se trouvait depuis plus de dix ans déjà à la Kunsthalle et était gravé dans la mémoire des visiteurs lorsque Thoma a raconté cette histoire. Thoma avait fait don en 1907 de ses Garçons se bagarrant et d’un tableau du professeur de l’Académie de Karlsruhe Ludwig Schmid-Reutte à la Kunsthalle après que celle-ci avait acquis deux de ses tableaux, Abendstern (L’étoile du soir) et Hereinbrechende Dämmerung im Schwarzwald (Tombée du crépuscule en Forêt-Noire).

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