Hans Thoma, artiste (3/6) La paix dans le jardin de Dieu ? Détails de la station
Adam et Eve dans un paysage verdoyant.
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Au Paradis

Hans Thoma

Dimensions:
 75.5cm  98.5cm
an:
1891
lieu:
KunsthalleKarlsruhe@ZKM

Hans Thoma, artiste

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Un motif plein de charme

Thoma a traité le thème du « Paradis » à maintes reprises entre 1876 et 1901 et l’a décliné en cinq versions.

Dans ce cadre, il choisissait à chaque fois des aspects différents du modèle biblique et recherchait différents modes d’expression artistique. Thoma a par ailleurs créé des œuvres axées de manière plus approfondie sur les personnages d’Adam et d’Ève.

Des conditions « paradisiaques »

Le tableau de la Kunsthalle de Karlsruhe ici présenté représente, tout comme la première version des tableaux du Paradis, la « Paix des animaux », qui se base sur deux sources écrites.

Elle est d’une part décrite au début de la Bible, dans la Genèse, où il est expliqué comment Dieu a créé le monde en six jours. Après la création des plantes et des animaux, la création s’achève le sixième jour avec la création des premiers êtres humains, à savoir Adam (« être humain » en hébreu) et Ève, les premiers parents de l’humanité.

La seconde source sur laquelle repose la « Paix des animaux » est constituée des messages de Dieu transmis par le prophète Isaïe, qui se trouvent également dans la Bible. Isaïe annonce à quoi ressemblera le futur royaume de Dieu. Il le décrit comme un « royaume de paix » pour tous les animaux.

Les prédateurs et les proies vivront ensemble dans la paix et ne se nourriront que de plantes. Isaïe nomme ces animaux par paires : « Le loup habitera avec l’agneau et la panthère reposera avec le chevreau, le veau et le lion brouteront ensemble et un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte, et le lion, comme le bœuf, mangera de la paille ».

La partie supérieure du tableau montre deux rivières, la partie inférieure deux cerfs.

Un monde sans péché

Adam et Ève n’ont donc pas encore été chassés du Paradis sur le tableau de Thoma. L’artiste montre le monde sans péché, dans l’harmonie et la perfection du vivant.

Conformément au livre du prophète Isaïe, il représente des prédateurs vivant en bonne intelligence avec leurs proies naturelles et dispose les animaux par paires dans l’arrière-plan du paysage harmonisé dans les tons verts. Même les rivières semblent aller par deux.

Les paires présentent simultanément différents types de mouvements et des références à différents éléments naturels.

La section du tableau montre Adam et Eve.

Au premier plan, des groupes d’arbres, également disposés par paires, encadrent les personnages centraux d’Adam et d’Ève, entourés d’animaux choisis à titre d’exemple et à caractère symbolique.

Comme dans la première version du tableau, datant de 1876, Adam est ici aussi représenté en position de marche, Ève, par contre, en pondération classique, c’est-à-dire en position debout au repos, poids du corps en équilibre.

La section de peinture montre un paysage de montagne.

Idéalisation par distanciation

Cependant, malgré cette représentation proche de la nature, le tableau semble étrangement artificiel, réduit à quelques éléments essentiels, et inaccessible. Cette impression peut s’expliquer par le cadre biographique de Thoma et le contexte temporel dans lequel il a peint ce tableau.

Fervent chrétien, Thoma semble avoir accordé une importance particulière au thème du Paradis. Il ne trouvait cependant pas son inspiration religieuse dans la Bible uniquement, mais aussi dans la nature de son environnement d’origine.

Il a également utilisé l’idée d’un paysage de montagne familier donnant naissance à une rivière pour réaliser l’arrière-plan de sa représentation biblique.

 

La partie du tableau montre un oiseau rouge du paradis dans l'esprit.

Il a toutefois pris la liberté d’y placer des créatures qui ne vivent pas sous le climat de l’Europe centrale, telles que le lion ou l’oiseau exotique au plumage rouge. Il a ainsi eu recours à un procédé de distanciation, qui contribue à l’effet décrit.

 

 

Thoma s’est également détaché de la réalité dans la représentation des personnages humains. Ses jeunes premiers êtres humains ne présentent guère de caractéristiques individuelles précises. Ils constituent plutôt des représentants de leur espèce. L’être humain masculin et l’être humain féminin doivent se trouver sur son tableau dans le cadre d’une existence idéale, dans le sens d’une existence originelle et hors du temps, dans une nature parfaite pour Thoma.

Les rôles subtilement attribués aux deux sexes soulèvent aujourd’hui des questions pour nos contemporains. Il était cependant capital pour Thoma que ce ne soit pas la réalité qui serve de critère à l’accueil de son art, mais la crédibilité de son expression artistique.

L’œuvre d’art indépendante

Il s’avère ici que Thoma était par périodes influencé par ceux que l’on appellera tardivement les « Deutschrömer » (Romains allemands), avec lesquels il est entré en contact au début des années 1870. Les peintres Arnold Böcklin et Hans von Marées, mais aussi le sculpteur Adolf von Hildebrand, faisaient partie de ce groupe d’artistes.

Ces artistes étaient soutenus par le théoricien de l’art Konrad Fiedler, qui avait acquis une version de Adam et Ève exposée ultérieurement à la Nationalgalerie de Berlin, et imprégnés de ses idées d’autonomie et de légitimité propre de l’œuvre d’art. Ils rejetaient en commun les mouvements artistiques du réalisme et de l’impressionnisme, axés sur le réel.

À l’exemple de l’Antiquité classique, qui avait également ses sites de référence en Italie, ils voulaient avec leur imagination créer leurs propres mondes de représentations avec leurs propres modes d’expression. Ce n’est pas la réalité des sens qui doit être l’unique modèle, mais les idées que les artistes s’en font.

Cette démarche est caractéristique du symbolisme, un courant artistique qui s’est développé au passage du XIXe au XXe siècle. Le langage formel des artistes pour l’exprimer n’était cependant pas encore celui du surréalisme, bien ultérieur, ou de l’abstraction pure. Mais ces artistes travaillaient déjà avec des formes d’idéalisation et une universalité du message artistique, que chaque artiste définissait lui-même, pour lui-même et pour ses œuvres.

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