Hans Thoma, artiste (1/6) La vie est brève, l’art est long Détails de la station
La partie de l'image montre Thoma avec un pinceau à la main. Derrière lui, il y a un squelette avec une couronne de lauriers qui lui murmure quelque chose à l'oreille.
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Autoportrait avec l’Amour et la Mort

Hans Thoma

Dimensions:
 58.5cm  72.5cm
an:
1875
lieu:
KunsthalleKarlsruhe@ZKM

Hans Thoma, artiste

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Peur de la mort ou confiance en soi infinie ?

Thoma, alors âgé de 36 ans, vit à Munich, où il évolue dans l’entourage de Wilhelm Leibl et d’autres artistes, pendant qu’il réalise cet autoportrait.

C’est à Munich qu’il fait également connaissance d’Arnold Böcklin, un peintre suisse, représentant majeur du symbolisme. Thoma, qui s’était auparavant davantage consacré à la représentation de scènes quotidiennes du monde paysan et de motifs idylliques de la Forêt-Noire, est impressionné par l’art de Böcklin et ses thèmes mythologiques.

Des échanges intenses avec Böcklin, de douze ans son aîné, et l’admiration de Thoma pour son art l’amènent à intégrer ses idées picturales à son propre travail. Thoma ne reprend cependant jamais les motifs exacts de Böcklin, il varie les thèmes et les réinterprète.

Autoportrait d'Arnold Böcklin: De derrière, un squelette jouant du violon s'accroche au peintre.

« memento mori » – « Souviens-toi que tu vas mourir »

L’Autoportrait avec l’Amour et la Mort a également un modèle célèbre chez Böcklin, à savoir son autoportrait avec la Mort jouant du violon, réalisé en 1872, qui se trouve aujourd’hui à la Alte Nationalgalerie (ancienne galerie nationale) à Berlin. Böcklin se représente en artiste tenant un pinceau et une palette. Arrivant par derrière, un inquiétant squelette jouant d’un violon à une seule corde se colle contre lui.

Avec cette représentation, le tableau de Böcklin s’inscrit dans la tradition de la danse macabre médiévale. Dans ce type de peinture, le motif du squelette jouant de la musique et dansant symbolise l’influence et le pouvoir de la mort sur la vie humaine. Dans le tableau de Böcklin, le son continuel de l’instrument tenu par le squelette rappelle sa condition de mortel au peintre pensif.

Ce symbolisme se traduit par la locution latine « memento mori » (« Souviens-toi que tu vas mourir »).

The part of the image shows a naked angel with wings, a bow and a knight on his back floating above Thoma.

Vita brevis, ars longa – La vie est brève, l’art est long

Thoma reprend l’idée du tableau de Böcklin dans l’œuvre qu’il réalisera trois ans plus tard, il apporte cependant quelques modifications aux motifs, et ainsi au message global, du tableau.

Thoma se représente lui-même en tant qu’artiste, le pinceau qu’il tient à la main en témoigne. Le squelette en blouse de peintre blanche qui se tient derrière lui porte – au lieu d’un violon – une couronne de laurier et semble murmurer quelque chose à l’oreille du peintre.

Thoma semble s’arrêter de peindre et réfléchir à ce que le squelette vient de lui dire. Mais, contrairement à Böcklin, le peintre n’a pas l’air trop effrayé par la situation.

Cette attitude s’explique également par le changement de symbolique, qui donne à penser que l’œuvre de Thoma ne renvoie pas seulement à sa propre mortalité et à sa propre fugacité, mais aussi – comme le suggère la couronne de laurier – à sa gloire d’artiste, qui perdurera au-delà de la mort.

La partie de l'image montre un ange nu avec des ailes, un arc et un chevalier sur le dos flottant au-dessus de Thoma.

« amor vincit omnia » – « L’amour triomphe de tout »

L’horreur de la mort est par ailleurs atténuée par le petit Amour, dans l’angle supérieur droit du tableau, qui semble tenir sa main au-dessus de la tête de Thoma pour le protéger. Sa présence adoucit l’intensité dramatique encore prédominante chez Böcklin et transforme la symbolique menaçante du « memento mori » en un « amor vincit omnia » (« L’Amour triomphe de tout »).

La confiance de Thoma dans ses qualités d’artiste qui s’exprime dans ce tableau est tout à fait étonnante car, au moment où il peint ce tableau, le jeune peintre n’a pas encore vraiment de succès et subit de nombreuses critiques dans la métropole artistique qu’est à l’époque Munich. Son assurance et sa confiance en soi reposent par conséquent probablement moins sur sa réussite professionnelle que sur son bonheur privé.

C’est en effet en 1875 qu’il fait la connaissance de Cella Berteneder. La jeune femme travaillait comme modèle à Munich et prenait des cours de peinture auprès de Thoma. Sa relation avec Cella apporte à Thoma un soutien moral et de la confiance en soi. Et c’est ainsi que Hans Thoma et Cella, alors âgée de 19 ans, se marient dès 1877. Certaines personnes veulent même reconnaître les traits de Cella, dont Thoma a réalisé de nombreux portraits, dans le visage du petit putto.

Après avoir terminé le tableau, Thoma l’a offert à son ami intime, le peintre Louis Eysen, qui l’a à son tour légué par testament à Thoma. Celui-ci en a ensuite fait don à la Kunsthalle en 1910.

 

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